Les atemis portés remettent-ils en cause le principe d’intégrité en aikido ? (article paru sur le site « Aikido-Millennials » et commenté par le webmestre)
L’aïkido est un art martial non violent régi par plusieurs principes dont une partie est liée à des aptitudes comportementales :
➰ Le respect du reishiki (étiquette et règles protocolaires)
➰ Le shisei (la posture du pratiquant)
➰ La martialité (liée à la notion de vigilance) comment peut on parler d’art martial et de martialité et de non violence n’est ce pas incompatible ?
➰ Et le principe d’intégrité, qui m’intéresse particulièrement dans cette réflexion.
La préservation de l’intégrité physique et morale de son partenaire en aïkido est à mettre en parallèle avec le principe des atemis, propres à certains arts martiaux. Pourquoi toujours mettre en avant la préservation de l’intégrité du partenaire (chose qui n’existe pas dans les autres budo)
En aikido, les atemis sont souvent simulés*, mais pas toujours portés. Pourquoi faire des atemis simulés sauf peut être pour donner à cet forme d’aïkido une certaine martialité ‘
D’une part parce que l’Aïkido ne consiste pas à projeter, mais, comme le disait le fondateur, à entrer et frapper, soit Irimi et Atémi(échanges entre Léo TAMAKI et Germain CHAMEAU 4éme dan)
« frappez indifféremment avec le te-gatana ou le POING …. donner ce coup dévastateur , ce coup qui accablera l’ennemi ……. »Budo page 33 § 3″ Vous remarquerez que Ueshiba emploie le terme ENNEMI bonjour la non violence
Les atemis (frappes) ont pour objectif de faire prendre conscience à son partenaire du danger que son placement ou sa posture peut représenter pour lui-même oui. Les atemis permettent également de mettre une distance avec son partenaire pour se protéger oui. Et à « déstructurer » le partenaire pour la réalisation de la technique sans complaisance du uke.
Dans ce contexte préventif et dissuasif, porter les atemis est-il pertinent ? oui
On peut en effet s’interroger :
🔹 Si on ne porte pas vraiment l’atemi, le pratiquant voit-il vraiment le danger ?et à quoi ça sert ???
🔹 Faut-il habituer les pratiquants à être touché physiquement par leur partenaire ? Non il faut habituer uke à être présent et vigilant (sanshin)
Pour autant, les atemis portés peuvent-ils remettre en cause le principe d’intégrité ?
Si on accepte que l’atemi soit réellement porté, on peut s’interroger sur :
✅ La capacité des pratiquants à trouver le bon dosage dans l’atemi (dans le feu de l’action, l’effleurement peut devenir une pichenette, voire une tarte) c’est à uke à être vigilant et à tori à gérer son partenaire
✅ La dérive de l’humiliation liée à la claque mise au partenaire mal placé (car il y a évidemment d’autres moyens de faire bouger un partenaire) Est ce que l’on est humilié quand on prend un tsuki au Karaté, un uppercut à la Boxe et même une projection en Judo ????
✅ La sacralisation ou non du visage : zone interdite ou zone banalisée ? Pourquoi aurait-il des zones interdites ?
Je n’ai pas d’avis tranché sur cette réflexion, car ces points de vue peuvent être soutenus par des argumentaires solides.
Cependant, il est important de garder en tête que l’intégrité d’un partenaire n’est pas seulement physique, mais psychologique. Sous cet angle, il est important de s’assurer que notre geste n’ait pas été traumatisant.
Dans cet optique il ne faut pas pratiquer un art martial et qu’avec ces raisonnements on trouve de l’aïkido tango « https://www.youtube.com/watch?v=OUsnmodlJuw » et autres dérives qui doivent se faire retourner dans leurs tombes les Maîtres comme Ueshiba Shioda, Tohei…...
Gardons en tête que ce qui est montré par l’enseignant, n’est pas toujours ce qui est reproduit par les pratiquants.
Gardons en tête que l’aïkido est pour les licenciés, un choix conscient, parmi d’autres arts martiaux au contact plus rapproché.
Gardons en tête que le caractère non traumatisant de la pratique au dojo, est le garant de l’éthique du budo. (budo = voie du guerrier) C’est avec cette pratique que l’Aïkido est en train de perdre son âme et ses pratiquants
* dans la pratique fédérale que je connais en tout cas.